À mi-chemin entre la performance et la danse contemporaine, la chorégraphe propose à quelques dizaines de volontaires d’apprendre une dizaine de danses, pour une expérience de plus de 50 minutes de danse en continu. La « Waveparty » sera présentée en octobre à Paris pour Nuit Blanche ; nous avons assisté à l’une de ses activations rouennaises, fin août.
À Rouen, en plein festival des Nuits Normandie Impressionniste, l’Aître Saint-Maclou, un ancien ossuaire médiéval, accueillait à la nuit tombée la performance imaginée par la chorégraphe Emmanuelle Vo-Dinh, et préparée depuis plusieurs jours par quelques Rouennaises et Rouennais. Car c’est avec des amateurs et amatrices volontaires que la chorégraphe prépare chaque nouvelle représentation du spectacle, qu’elle présente depuis 2019.
« Waveparty », c’est le nom de cette création. Pas vraiment une rave party, parce que tout (ou presque) y est prévu d’avance. Mais une vague, ça, oui : il y a dans le mouvement de cette foule chorégraphiée une énergie qui se dégage similaire à celle d’une vague, avec ses flux et ses reflux, ses moments d’intensité et ses repos. Car les danseurs et danseuses qui participent au projet ne s’arrêtent pas de danser pendant les 50 minutes que dure la performance.

Transe collective
C’est le jeu proposé par Emmanuelle Vo-Dinh : une expérience de danse ininterrompue décomposée en dix mouvements, pensés à la fois comme des mouvements musicaux et comme des états du corps et de l’esprit. Ils s’appellent « Totem », « Sacre » ou « Flower Power » et sont composés de mouvements faciles à reproduire (les participants les apprennent en quelques heures lors d’ateliers organisés en amont) mais répétitifs, aussi planants qu’entêtants. Ce n’est pas un hasard : l’idée est de rapprocher les participants d’une forme de transe collective.
Au-delà de la chorégraphie, la scénographie, qui fait danser les participants en rond autour d’une sorte de grand totem noir au sommet duquel est placé le DJ aux excellents choix musicaux, et les maquillages des participants, faits de symboles blancs à la manière de certains maquillages tribaux, donnent vraiment à cette performance une allure de rituel de transe collective.
Un spectacle sans public
La version de « Waveparty » à laquelle nous avons pu assister à Rouen était ouverte au public. La plupart du temps, ce n’est pas le cas, et la performance n’est accessible qu’à ceux et celles qui y participent. Pourtant, être placé côté public a été une expérience tout aussi prenante. Debout, séparés des danseurs par une simple ligne tracée au sol, nous n’avons rapidement eu qu’une envie : les rejoindre et danser aussi.
Pourtant, la frustration fait assez vite place à un autre sentiment : l’énergie qui circule dans le groupe de danseurs et de danseuses irradie aussi dans le public. Le jeu des lumières, la musique enveloppante et évidemment l’intensité de ce qui se déploie sous nos yeux nous embarque… Jusqu’à ce que sur l’ultime morceau, en guise de rappel, les danseurs nous invitent à les rejoindre sur la piste, pour terminer sous forme de grande fête.

L’expérience « Waveparty » sera activée une nouvelle fois le 1er octobre à l’occasion de Nuit Blanche à Paris, à la MPAA Bréguet – et cette fois, si vous souhaitez y participer, il faut vous inscrire sur le site des MPAA. Et en écrivant ces lignes, je me suis aperçu que ce que propose cette expérience, lancée avant la crise du Covid mais réactivée avec encore plus de force depuis, est fabuleusement résumée par le texte de Respire encore de Clara Luciani : « Il faut qu’ça bouge, il faut qu’ça tremble, il faut qu’ça transpire encore, dans le bordel des bars le soir, débraillés dans le noir, il faudra réapprendre à boire, il faudra respirer encore.«
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